par Kéru91 » Mer 21 Nov 18, 16:31
Source OUEST FRANCE :
Vendredi, l’entraîneur du Stade lavallois François Ciccolini reviendra pour la première fois sur un banc de touche en match officiel, pour Laval - Pau. Le Corse avait été suspendu trois mois ferme en août pour des menaces sur un journaliste. Il revient sur cet épisode, qu’il dit "regretter", avoue avoir pensé à partir de Laval, et parle de ces cinq mois passés à la tête du club leader de National. Avec franchise, humour parfois, et sans arrière-pensée.
Votre suspension a pris fin vendredi. Vous avez regretté votre comportement à Boulogne ?
Bien sûr que j’ai regretté. On ne peut pas faire de connerie comme ça à mon âge. Maintenant, c’est derrière moi. Mais après, si vous pensez être dans le monde pro, il faut aussi des journalistes pro (1).Vous attendiez-vous à écoper de trois mois de suspension, plus deux avec sursis ?Je savais que je n’allais pas prendre trois matches… Je pensais à 10 peut-être, mais je ne raisonnais pas en termes de mois. Mais aujourd’hui c’est réglé, il faut aller de l’avant.Avez-vous pensé démissionner ?Oui. Oui. Ce qui m’a fait rester, c’est que les dirigeants ont fait bloc.
"Ce qui m’a fait rester, c’est que les dirigeants ont fait bloc"
Comment avez-vous vécu ces trois mois loin du banc, en match ?Bien. Parce qu’on a un staff qui travaille, et avec lequel je m’entends très bien. Il n’y a pas eu de problème particulier. J’avais accès au vestiaire avant les matches, à la mi-temps… Sans l’accès au vestiaire, je l’aurais vécu différemment je pense. Le seul problème, c’était pour l’échange au téléphone entre le banc et la tribune.C’est ce qui vous a manqué le plus ?Oui, on ne peut pas réagir rapidement à un problème, comme on le ferait du bord du terrain. Des fois, on fait des conneries.Vous en avez fait ?Deux, trois, oui. Notamment à Avranches. Le temps que l’on voie un truc qui n’allait pas, un placement en l’occurrence, qu’on le corrige, ça a pris trois ou quatre minutes. Et on a pris un but.
"Tu vois des choses différentes en tribune"
François Ciccolini a parfois apprécié de pouvoir prendre de la hauteur pour assister aux rencontres. |
En vous observant en tribune, on a l’impression que vous êtes plutôt calme…Oui, bon à part une fois ou deux, où je me suis énervé à Laval, en loge. Mais d’un autre côté, tu vois des choses différentes en tribune. Le positionnement de ton bloc, du bloc adverse. On va d’ailleurs peut-être faire un truc ou deux de ce côté-là.Quel regard portez-vous sur ces trois mois et demi de championnat ?On a eu de très bonnes périodes. Une moins bonne peut-être, sur les trois dernières semaines. Je ne vais pas dire que c’est normal, mais disons logique, par rapport aux petits problèmes que l’on a. On a eu des blessés. Mounir (NDLR : Obbadi), Bosetti, Verdier qui a joué sur une jambe, Gaël (Danic) qui a un peu flouté après un coup… Mais cela va rentrer dans l’ordre.Qu’avez-vous aimé de votre équipe ?L’enthousiasme. L’envie de faire des résultats, et surtout notre mentalité de travail. On travaille beaucoup. On a fait des bonnes choses parfois.
" Quand on ne joue pas, on n’a pas lieu d’être déçu "
Quels regrets avez-vous ?Le regret, c’est Avranches. On perd deux points là-bas, et ils nous manquent. À Marignane, on a manqué de caractère dans un match largement à notre portée. Au Mans, on n’a pas joué, sans que je sache pourquoi. Quand on ne joue pas, on n’a pas lieu d’être déçu. Globalement, je pense qu’on manque de caractère. Il en faut, il faut gagner des duels à l’extérieur pour faire des résultats. On manque aussi parfois de maîtrise, à Avranches, contre Dunkerque… On a peur de mal faire, surtout quand Mounir n’est pas là.Il y a forcément la coupe de France, aussi…Pffiiiouuuu. On avait fait beaucoup tourner, en fait on s’est loupé, même si avec cette équipe il y avait moyen de passer. J’aurais dû jouer. Mais chacun a attendu que l’autre fasse la différence, on a joué à la baballe, et on s’est fait sortir. C’est dommage, parce que la coupe de France nous aurait permis de jouer des matches plus intéressants que les amicaux, et de purger des cartons. En coupe d’ailleurs, Le Mans, s’est fait sortir à Bastia, votre club de cœur…Je le savais, ça. Je l’ai dit à tous joueurs. Après, j’ai pas lu la presse. Je lis pas la presse. Mais peut-être que c’est le contexte. L’air marin, tenez, c’est pas bon…
Laval pourrait évoluer et recruter, au milieu ou en attaque, et à condition de se séparer de joueurs.
Le Dunkerquois Jérémy Huysman disait que vous aviez été le seul, à une réunion d’avant-saison, à dire haut et fort que votre club jouait la montée.Eh oui. Tout le monde connaît notre objectif. Pourquoi on dirait le contraire ? Maintenant, il faut que toutes les composantes du club tirent dans le même sens pour l’atteindre.C’est le cas ?Oui.
" C’est pas quand ça va bien qu’on voit les équipes "
Que faut-il d’autre pour que Laval aille au bout ?De la constance. Dans les efforts, la mentalité, le travail. Qu’on fasse les efforts les uns pour les autres quand ça ira moins bien. C’est là qu’on voit les équipes. C’est pas quand ça va bien. C’est dans la faculté à se rebeller, à faire plus quand on est dans le dur, qu’on voit les équipes. Et je pense que c’est le cas pour nous, qu’on a ça.Comment voyez-vous la suite du championnat ?Je pense que les 4, 5 de devant vont y rester. Peut-être que Quevilly va aussi s’intercaler… Mais les matches continueront à être serrés, à basculer sur des erreurs, des détails. Cela dit, ça fait trois mois qu’on est devant. Ce n’est un hasard non plus…Le retour de Bosetti peut vous amener des variables au niveau tactique, en passant peut-être en 4-4-2 ?Chaque fois qu’on a un joueur en plus, ça donne des solutions dans le système, dans l’animation offensive autour de notre système de jeu, oui.Avez-vous des schémas préférentiels ? Avec une seule pointe ?Non, non. Et le problème, c’est pas le système. Après, si tu n’as qu’un attaquant, tu joues qu’avec un attaquant. Mais là on a Bosetti, Bridge (Ndilu), Bakir, Nicolas Verdier… Ça changera peut-être aussi par rapport aux équipes qu’on affrontera, même si on se concentre avant tout sur nous.
"Le groupe pourrait évoluer"
Votre groupe pourrait évoluer au Mercato, voire avant ?Eh peut-être… Bon, si on n’a pas de départ, on n’aura pas d’arrivée. Mais on n’a pas décidé quel secteur renforcer. Défensivement, on est paré. Après… Au milieu, devant ? On est en réflexion avec Jean Costa, mais on n’a ciblé aucun profil. Et de toute façon, c’est par exemple très compliqué de trouver un attaquant. Il y en a peu, et ils sont très recherchés. Les prêts, je n’aime pas. Tu remets un gars à flot, et à partir du moment où il se met en évidence, tu ne le vois plus… Peut-être qu’on mettra des joueurs à l’essai, plus tôt que prévu, même.En arrivant, vous aviez parlé de votre passion pour la chasse. Vous avez pu y aller ?Ah non, non. Vous savez, je travaille beaucoup. J’arrive le 1er au club. Et puis la chasse, c’est en Corse. Ce n’est pas que tuer du gibier, pas du tout. C’est les copains, manger un morceau, parler corse…
(1). Ce qu’est notre confrère de France Bleu victime des menaces.