Site non officiel du Stade Lavallois Mayenne Football Club

Accueil > Saisons > 2010-2011 > A Laval, ce peuple soumis

23 mars 2011

A Laval, ce peuple soumis


Une drôle de saison s’achève bientôt. Résultats moribonds, recrutement à posteriori moyen, médias de connivence, peuple soumis. La même histoire, chaque saison ou presque depuis 20 ans. Les dirigeants se sont succédés, disons reproduits, les entraineurs se sont empilés, les joueurs se sont chassés, mais les supporteurs sont restés. Pour le plus grand bonheur des élites économiques et politiques départementales tirant les ficelles stadistes, le peuple mayennais, lui, demeure soumis au pouvoir, à sa censure et à sa violence.

Une montée en division 1, une coupe d’Europe, des espoirs fous et une publicité inespérée pour un département peu attractif.
Peu de moyens, une descente et une glissante stagnation 17 ans durant.
Une deuxième descente, une remontée.
Globalement, les vingt dernières années semblent s’écrire de haut en bas. Au mieux, disons que le club a stagné. Au pire, il a régressé.
Le temps et l’histoire ont avancé, laissant le stade lavallois au vestiaire, celui du conservatisme et de l’archaïsme.

Et parmi les facteurs, il en est un, particulièrement important, un acteur amorphe et inactif, aphone et passif : le supporteur. Les générations se sont certes succédées, mais son profil psychologique et intellectuel n’a finalement que peu changé.
La Mayenne est un département à l’identité peu exacerbée. Historiquement, il est même bâtard, ainsi coincé entre la Bretagne, la Normandie, l’Anjou et le Maine. Peut-être une explication : il ne semble pas exister de fierté particulière liée à la culture, au territoire, à l’histoire.

Mais, le supporteur lavallois s’inscrit aussi dans un cadre spécifique, celui d’un club et d’une structure de pouvoir économique, politique et médiatique.
Depuis des années se forge une canalisation des comportements par l’absence d’instruction et d’élévation intellectuelle. Le club, replié sur lui, reproduit ses propres schémas. Les présidents se succèdent mais l’arrière plan structurel et organisationnel reste inchangé. Les structures de domination fonctionnent à merveille, le supporteur agit dans ce cadre sans jamais s’en extraire.
Le pouvoir est toujours aux mêmes, les mentalités ne changent pas malgré les coups de peinture à la direction : la vitrine se modernise mais les stocks demeurent identiques, périmés qu’ils sont aujourd’hui.

Philippe Jan reste un pantin, ses mains sont liées. Il tient un double, peut-être un triple discours.
Auprès des supporteurs, il se montre moderne, proche de son peuple, vulgaire, avec un franc parlé qui sied aux oreilles tendues. Il parle de nouveau stade, d’ambiance populaire.
Auprès des sponsors, de Lucas et consorts, sa bouche ravale ses verbiages. Avions commerciaux, petits fours, champagne. Le peuple doit se tenir à carreaux car derrière le tonnerre gronde.

Caresses et fermeté.

Évidemment, l’on pourrait penser que c’est le grand écart nécessaire pour un président de club, à savoir préserver sa base économique : peuple et financiers.
Mais l’homme public est prudent et peu téméraire.
Face à Boulogne, les panneaux publicitaires affichaient : Lucas, Jan, Maurice. Le cercle mayenno-mayennais se perpétue, il doit s’entretenir et continuer ainsi, c’est la volonté du clan.

Cette situation est entretenue et rendue possible par les médias mayennais, bénéficiant du monopole dans le département. Ouest France est le seul média écrit crédible en Mayenne et FBM la seule radio, tous deux se consacrant largement à l’actualité stadiste. Ils se font les relais d’une information officielle, d’une parole buvable et à la teneur critique inexistante. Il est question ici d’élévation intellectuelle. Le journal a son rôle à jouer auprès de la populace : dans un département comme la Mayenne, aux esprits beaufs, il conviendrait d’instruire par la réflexion et la critique. Les années écoulées ont lissé le supporteur, rendant impossible l’analyse populaire, le faisant croire à une équipe bien entrainée, à un club bien géré, à des joueurs dévoués. Les articles et comptes rendus ne se font en rien ni jamais l’inspiration d’une pensée structurelle ou de fond.
Il y a donc, à ce niveau, une censure intellectuelle, qui empêche l’action et la prise de conscience du supporteur lambda : même soupe et même potage servit dans l’assiette éternelle de l’acceptation et de la complaisance.
Et les médias n’ont aucun intérêt à changer : monopole, privilèges, succès populaire.

Cet emboitement des genres se perpétue de manière intestine : le webmestre du site officiel, le responsable de la communication du club, le responsable de la billetterie est désormais pigiste pour le Ouest France et ce, aux sports.

Depuis quelques temps, cette censure intellectuelle ne suffit plus, le club a mis en œuvre une sorte de violence légitime auprès des supporteurs qui s’égarent du chemin bien pensant : Interdictions de Stade, suppressions matérielles, exigences particulières.
Il y a cet autre niveau de censure, désormais à caractère physique.

Canalisation mentale, donc, quasi psychique et désormais quasi étatique, physique.
D’où des supporteurs soumis, structure mentale renforcée par le culte et le respect voué aux puissants du département, aux riches, aux grands, donnant une situation de quasi servage.

Un habitus à chambouler.

É.