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1er août 2013

Vahagn Militosyan "vit, mange, dort football"


Mercredi, milieu d’après-midi, nous retrouvons Vahagn Militosyan. Assis sur un banc, il ne nous voit pas arrivé mais est déjà prêt à répondre à toutes nos questions. Sympathique, abordable, comme toujours pourrait-on dire, il se livre. L’Arménie, la saison passée entre la réserve et l’équipe une, la saison qui arrive ... Entre sérieux et décontraction, entretien avec l’un des grands espoirs de la formation lavalloise.

Vahagn MILITOSYANTANGOFOOT : Comment vas-tu ?
VAHAGN MILITOSYAN : Ça va, je vais bien.

Comment as-tu vécu la préparation ?
Dans un premier temps ça a été un peu difficile sur le plan physique. C’est une charge de travail pour préparer toute la saison. Mais après petit à peu je me suis mis dedans et ça va. j’ai encaissé cette préparation et maintenant tout va bien.

Comment as-tu vécu les matchs amicaux ?
Sur le premier match contre Le Havre c’était un peu difficile, surtout au niveau des jambes. Il fallait aller chercher les défenseurs donc ça a été un peu compliqué. Mais petit à petit, deuxième troisième quatrième match, ça a commencé à se faire normalement, naturellement. Ça devenait de plus en plus facile. Globalement je les ai plutôt bien vécus.

Tu as marqué deux fois (Le Poiré sur Vie et Créteil NDLR). Ces buts avaient-ils une saveur particulière ?
Oui, c’est évident qu’ils avaient une saveur particulière. C’étaient mes premiers buts avec les pros alors qu’il ne s’agissait que de mon troisième ou quatrième match avec les pros. Ça m’a fait très plaisir et c’était assez particulier.

Le but le jour de l’anniversaire de ton père ?
C’était contre Créteil. Le jour même il m’avait dit « si tu peux marquer un petit but le jour de mon anniversaire ça me ferait plaisir ». Je lui avais répondu que ça allait être compliqué vu que j’avais déjà marqué le match précédent. Mais finalement j’ai réussi. Je lui ai fait un petit signe de la main. Ça m’a fait plaisir de lui offrir ce but.

Peux-tu nous rappeler ton jeune parcours ?
J’ai commencé à Avessac, après j’ai été à Blain, en Loire-Atlantique. J’ai ensuite été au FCAV, à Redon, où j’ai joué en 13 ans DH, j’y ai fait une saison pleine. Puis j’ai été à Brequigny, en 14 ans fédéraux. Après je suis parti à Lorient en 16 ans national puis je suis revenu à Brequigny en 17 ans nationaux pour enfin signer au Stade Lavallois et ce depuis trois ans.

"Ne pas avoir été conservé à Lorient, ça reste un échec"

Tu n’avais pas été conservé à Lorient ?
Non, j’avais eu des petits soucis avec le coach. On n’avait pas accroché mais on s’est séparé sur de bons termes.

C’est une revanche de signer pro après ne pas avoir été conservé Lorient ?
Une revanche non, parce que même lorsque je n’avais pas été conservé je ne l’avais pas très mal pris. Ça peut arriver à beaucoup de joueurs, entre ceux qui changent de clubs, ceux qui ne sont pas conservé. Il ne faut pas pour autant en faire toute une histoire. Je ne m’étais pas m’y en tête cette revanche de signer pro. Toutefois ça m’a beaucoup motivé et je pense que ça m’a permis de devenir encore plus fort pour pouvoir signer pro ensuite.

C’est ton pire souvenir jusqu’ici ?
Oui c’est de ne pas avoir été conservé à Lorient parce qu’au final ça reste un échec. Et comme je n’ai pas encore connu énormément d’échec dans le football c’est mon pire moment.

Et ton meilleur ?
Je pense que c’est lorsque j’ai signé mon premier contrat pro.

Comment as-tu vécu la saison dernière, entre la montée en DH pour la réserve et la lutte pour le maintien ?
L’ambiance de travail était totalement différente. D’un côté on était plus détendu en DH parce qu’on jouait la montée, c’était plus tranquille. De l’autre côté chez les pros c’était très appliqué, très concentré. On sentait qu’on allait chercher quelque chose. Il fallait absolument être sérieux pour aller chercher ce maintien. C’étaient deux mondes différents. Mais il faut savoir s’adapter, c’est ça être footballeur. Mais j’ai bien vécu les deux situations, avec deux façons différentes de voir les choses.

Pensais-tu atteindre un tel nombre de buts l’an passé ?
A l’origine j’avais annoncé 25-30 buts et on m’avait dit que je visais peut-être un peu haut. J’avais répondu qu’on verrait en fin de saison. Au final j’ai réussi à atteindre les objectifs avec 25 buts.

Martin Mimoun a fait aussi ses six premiers mois en réserve avant de signer pro et d’être prêté en National. Ça aurait pu être ton cas ?
Ça n’a pas été évoqué, mais en effet ça aurait pu être mon cas. Comme lui je suis un joueur du Stade Lavallois qui jouait au niveau DH. Donc pour progresser c’est plus intéressant de jouer plus haut. Mais ça n’avait pas été évoqué car il ne fallait pas oublier le challenge important de la DH, aussi important pour le club que moi.

Une doublette Mimoun-Militosyan pour l’attaque lavalloise en Ligue 2 ?
C’est sûr que Martin et moi nous nous entendons bien. Que ce soit sur ou en dehors du terrain on est ami. Il a un jeu très technique et il fait de très bonne passe. En tant qu’attaquant c’est un régal. Mais tous les deux on est jeune, on a encore beaucoup de chose à apprendre et pour l’instant il y a ce qu’il faut devant entre Christian Bekamenga, Mamadou Diallo, Sébastien Renouard qui peut jouer en 9 et demi. On est là pour apprendre et pour la suite on verra, mais pourquoi pas.

Le stade a mis un peu de temps avant de te proposer ce contrat, as-tu douté à un moment ?
Pour être honnête il y a eu de nombreuse discussion depuis un bout de temps. Mais je n’ai jamais douté. Je me posais simplement des questions sur le temps que j’allais signet et d’autres éléments comme certains détails du contrat. Mais après je n’ai jamais douté.

As-tu eu d’autres contacts durant cette période ?
Non, j’étais surtout concentré sur la DH et le maintien en Ligue 2 donc je n’ai même pas cherché à savoir si d’autres clubs s’intéressaient à moi.

" Non, je n’ai pas pris la grosse tête"

Sur les quatre jeunes (Dreuslin, Lolohea, Mimoun et donc Militosyan) à avoir signé pro, tu es le seul à ne pas avoir démarré la préparation 2012-2013 avec l’équipe une, gratifiant ?
Ce n’est pas gratifiant parce que ça peut se jouer à peu de chose. Par exemple si le coach avait eu besoin d’un attaquant supplémentaire il m’aurait pris. Après pour eux (les trois autres néo-pros), c’est bien d’y avoir gouté avant de signer pro. C’est vrai que moi je n’ai pas eu ce peu d’expérience dans le groupe pro avant d’avoir signé. Tout dépend des cas. Moi je suis attaquant et j’ai marqué pas mal de buts et ça s’est donc fait rapidement. Mais chacun évolue à son rythme.

Selon toi qui pourraient aujourd’hui parmi les jeunes signer pro dans un futur plus ou moins proche ?
Il y a déjà quelques jeunes qui s’entrainent avec les pros comme Abdoulaye Gueye ou encore Modibo Dembélé. Ce sont des joueurs avec un fort potentiel et qui, selon moi, pourraient intégrer le groupe sans trop de problèmes. Il y a aussi Sehrou Guirassy qui a fait un banc l’année dernière et qui s’est aussi entrainé avec les pros en fin d’année. C’est un 96 qui a pas mal de niveau et en apprenant encore avec la réserve je pense qu’il peut devenir un très sérieux candidat à une signature pro.
Vahagn MILITOSYAN
Le tournoi de Ploufagran, tu aurais pu y participer ?
Oui tout à fait. On a le droit d’y participer. Mais le coach ne nous en a pas du tout parler. L’intérêt était de faire jouer les jeunes du centre pour qu’ils aient du temps de jeu.

En fin de saison dernière, certaines rumeurs sont apparus sur toi, tu n’aurais notamment pas été dans le groupe car tu aurais pris « la grosse tête », que répond tu à ça ?
« La grosse tête » c’est un grand mot. J’ai eu un passage où je me sentais un peu moins bien en deuxième partie de saison mais c’était uniquement sur le plan sportif et non extra-sportif. Donc pour répondre, non je n’ai pas pris la grosse tête, contrairement à ce que certains ont dit. C’était un choix du coach de ne pas me prendre. Face au Havre il a récompensé Sehrou qui a fait une très bonne fin de saison et a notamment marqué avec la réserve. Le coach fait confiance aux jeunes, tant mieux. Ce jour-là il était passé devant moi et c’est comme ça. C’est la concurrence. Ce n’est pas parce qu’un joueur n’est pas pris qu’il a un problème avec le coach ou qu’il a pris la grosse tête.

Tu as été surpris de ces rumeurs ?
Oui et non. Dans le football ça va vite. Il y a souvent des rumeurs qui partent et je n’avais pas été spécialement surpris car à un moment il y allait forcément avoir quelque chose. Mais me connaissant, je sais que je ne suis pas comme ça. Ceux qui me connaissent le savent aussi.

"Débuter une semaine à trois match, c’est même mieux."

Comment vois-tu le recrutement jusqu’à présent ?
C’est un recrutement d’expérience. Ce sont des joueurs qui ont pas mal joué par le passé, en Ligue 1 ou Ligue 2. Ça amène de l’âge et c’est un bon recrutement pour une Ligue 2. Ce sont des joueurs qui vont nous apporter beaucoup d’expérience pour pouvoir bien gérer cette saison. On apprend plus ainsi.

Y a-t-il déjà des objectifs collectifs ?
Non, pas encore mais comme l’a dit le coach dans le journal en premier lieu on veut un maintien tranquille. C’est ce que le coach espère, c’est ce que nous on espère mais aujourd’hui on ne peut pas viser beaucoup plus haut. On verra comment la mayonnaise prend entre les joueurs, comme on s’entend et on verra si on peut aller le plus haut possible.

Et toi personnellement ?
Il faut toujours s’en fixer en début de saison. Moi ce sera dans un premier temps de bien m’intégrer au groupe. Je suis encore nouveau même si je viens du club. Il faut que j’apprenne plus en regardant les anciens comme Mamadou Diallo et Christian Bekamenga. Je veux progresser le plus possible à l’entrainement pour un jour espérer pourquoi pas aider l’équipe en Ligue 2 à atteindre les objectifs.

Vous débutez par une semaine à trois matchs, difficile ?
On sort d’une grosse préparation avec l’enchainement de quelques matchs, trois par semaine parfois. Je pense même que c’est mieux. On sera directement dans le bain, tant mieux.

Justement il y aura un match de coupe, Laval a du mal avec la coupe, comptez-vous dessus cette saison ?
Je ne sais pas si Laval a du mal avec la coupe mais dans toutes les compétitions dans lesquels on est engagé on a un objectif qui est de bien figurer, donc on compte dessus, c’est évident.

Recevoir de nouveau après une éventuelle qualification peut aider à faire quelque chose cette année ?
Jouer devant son public ça aide toujours, surtout en coupe. Recevoir c’est positif mais il y a aussi des équipes qui en battent d’autres facilement à l’extérieur. Il faudra rester concentré, faire le travail et ce même si être à domicile sera un plus.

Laval n’y arrive pas en coupe, mais n’y arrive également pas face au rival angevin, est ce que ça va changer cette année ?
Angers c’est notre rival. On va essayer de faire le mieux possible lorsqu’on va les rencontrer et je pense que cette année ça peut être mieux.

Justement comment vois-tu la rivalité entre lavallois et angevins ?
Dans chaque club on retrouve un rival. Ici c’est Angers. Moi j’allais voir les Laval-Angers au stade. Tu sens une autre ambiance, au niveau du public, tu sens une tension supplémentaire par rapport aux autres matchs. C’est très excitant pour un joueur et c’est le genre de match qu’on a envie de jouer.

Tu avais été sélectionné avec les jeunes arméniens, mais tu n’y es pas allé, pourquoi ?
Le coach m’avait appelé pour faire le rassemblement avec les équipes espoirs et jouer ensuite un match face à l’Islande, en Arménie. Mais il y a eu quelques problèmes au niveau des papiers. Pour tout expliquer je n’ai pas la nationalité française, je suis sous l’ordre arménien et là-bas il y a le service militaire pour l’armée donc je ne pouvais pas risquer de retourner au pays.

Ce n’est que partie remise ?
Oui bien sûr. Si je ne me trompe pas le prochain rassemblement sera en France. On verra.

Pense tu qu’en ayant signé pro ça peut te permettre de voir plus loin que les équipes jeunes ?
Evidement. En signant pro il y a un changement de statut. On ne te voit plus de la même façon. Dans un premier temps je pense aller avec les espoirs et dans un deuxième temps mon objectif est de viser l’équipe première de l’Arménie.

Tu t’es fixé des objectifs avec l’Arménie ?
Le championnat arménien est très peu connu, tu as un garde un œil dessus ?
Chez moi j’ai une chaîne quoi retransmet les matchs. Je regarde un peu mais je ne suis pas de trop près le championnat même si je regarde quelques matchs.

Si tu devais citer un joueur arménien, qui serait-ce ?
Sans hésiter Henrikh Mkhitaryan. C’est une idole au pays. C’est quelqu’un qui a prouvé sur le plan européen qu’il avait le niveau. C’est de loin mon joueur préféré arménien.

Cette saison, contrairement aux autres, il y a de nombreux joueurs à la double nationalité ou même étrangers dont certains ont une expérience internationale, c’est un plus pour le groupe ?
Quand dans un groupe il y a plusieurs nationalités, plusieurs internationaux ça amène une expérience supplémentaire pour l’équipe. Ils ont connu plus de compétitions et ont donc une approche des matchs plus posés. C’est un vrai plus, notamment dans l’approche des matchs.

"Benzema, c’est le profil de joueur que j’aime."

Quels sont tes relations avec tes coéquipiers et notamment avec les autres attaquants ?
Pour le moment tout va bien. Il n’y a aucune tension au sein du groupe. C’est une bonne ambiance de travail. C’est très sérieux, personne ne rigole quand il faut travailler. Au niveau des attaquants je m’entends très bien avec Christian et Mamadou. La concurrence est très seine. Aujourd’hui ils partent titulaires et j’apprends tous les jours à l’entraînement en regardant leurs façons de faire, leurs façons de se déplacer.

Avec qui t’entends-tu le mieux dans l’équipe ?
J’ai plus d’affinité avec Martin Mimoun. On se connaît à l’extérieur aussi. Après je m’entend bien avec tout le monde avec un petit plus avec ceux de la DH de l’an dernière, comme Renaud ou César.

Qui sont tes meilleurs amis dans le football ?
Je n’ai pas beaucoup d’amis dans le football professionnel. Je suis assez jeune et donc on est assez peu à avoir signé pro à part des joueurs qui sont dans des clubs comme le PSG ou autre. Mais j’ai de très bons amis à Lorient comme Maxence Derrien ou Mario Lemina. Ce sont des joueurs qui ont signé pro après mon départ et on a toujours gardé de très bons contacts. Ça fait plaisir de voir d’autres joueurs de notre génération réussir.

Le meilleur joueur que tu as côtoyé jusque-là ?
L’année dernière j’ai joué avec Ghislain Gimbert et Julien Viale. Je parle d’eux car ils sont aussi attaquants. Ghislain m’a impressionné par son travail sur les défenseurs et son impact. Julien est quelqu’un de très posé, très technique et il est capable de calmer jeu avec une facilité. Il avait un sens du but impressionnant.

Tu as un modèle ?
En commençant le football, il avait Karim Benzema, même si ce n’était que ses débuts. Il m’inspirait beaucoup par sa technique, il marquait beaucoup. C’était le profil de joueur qui me plait énormément et que j’apprécie beaucoup.

Tu as choisis le numéro 22, pourquoi ?
En formation j’avais le 22, et avant moi il appartenait à Lindsay Rose. J’ai continué avec celui-là en pro car d’une je ne voulais pas changer de aussi car c’est le numéro de Mkhitaryan, le joueur arménien aujourd’hui à Dortmund.

Tu as un rêve dans ta carrière ?
Un rêve non pas forcément mais ça serait de jouer le plus haut possible là où mes capacités pourront m’emmener. Pourquoi-pas aller goûter au plus haut niveau un jour. Mais avant ça je dois encore beaucoup travailler, je n’ai que 20 ans.

Le but de tes rêves ?
Soit un match pour se maintenir ou monter. Le but de la victoire ou du match nul. J’aimerais marquer de la tête car ce n’est pas mon point fort (rire).

Quand Vahagn Militosyan enlève les crampons, est-il différent ?
Quand on est footballeur on pense toujours un peu football. Même quand je suis à l’extérieur souvent on me parle de foot, notamment les supporters, en famille on parle de foot. Même en allant voir les amis et en leur demandant d’éviter d’en parler ça finit toujours par le faire. On vit, on mange, on dort football.

Tu es reconnu dans la rue ?
Oui. Et j’en suis étonné. Quand les supporters me reconnaissent ils m’encouragent et me donnent des ondes positives et j’en suis agréablement surpris car je sors juste de la réserve.

Un mot pour les supporters ?
Je les salue et j’espère qu’on fera une bonne saison. On veut leur rendre tout le bien qu’ils nous donnent en nous supportant.

Un grand merci à Vahagn pour cette interview et pour sa disponibilité.

Propos recueillis par Romain.P